Alcools (1)
Brève explication / contextualisation : l'année 2003/2004 a été une année euh hors normes... 1re L 3 à charge de Monsieur Alain Rodriguez ( Alain, si vous nous lisez... ;) ) un professeur mhm tout aussi hors normes que notre année l'a été... Un personnage, quoi... qu'on ne peut pas résumer en quelques lignes. Je-ne-sais-plus-qui-d'entre-nous a dit qu'il ressemblait à un écrivain maudit : ce n'est pas faux... ( d'ailleurs il écrit, mais sans doute sous un pseudonyme, puisqu'on n'a jamais réussi à trouver - je - que sa thèse sur Alain-René Lesage qu'on a d'ailleurs étudié avec lui aussi... )
je ne m'étendrai pas sur le sujet ( ce serait trop long ) mais en bref, c'est un sacré personnage, féru de maïeutique, souvent fatigué, couvrant des tonnes de feuilles volantes de notes au stylo noir, en petits caractères avec des boucles... et j'en passe... Le rapport, j'y viens, j'y viens, c'est qu'Alain R. est un inconditionnel d'Apollinaire et quand je dis inconditionnel je pèse mes mots, nous avons passé sur le recueil ALCOOLS d'Apo, comme on disait, hein, un nombre d'heures INCALCULABLE, et nous sommes sorties de l'année vaccinées à tout jamais, rompues aux us et coutumes du style de Guigui 1 p 2 L, avec dans notre mémoire, gravés pour Dieu-seul-sait-combien-de-temps des poèmes, voire des sections entières d'Alcools. on peut tout vous dire là-dessus, le premier nom du recueil, les antidatations, et patati patata :)
Alors, voilà, je vais faire un petit patchwork des morceaux les plus déchirants ou les plus... je ne sais pas, m'enfin, ceux qui ont retenu mon attention...
1st Patchwork
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(...)
Sais-je où s'en iront tes cheveux / Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s'en iront tes cheveux / Et tes mains feuilles de l'automne / Que jonchent aussi nos aveux
Je passais au bord de la Seine / Un livre ancien sous le bras / Le fleuve est pareil à ma peine
Il s'écoule et ne tarit pas / Quand donc finira la semaine [ Marie ]
***
L'anémone et l'ancolie / ont poussé dans le jardin
où dort la mélancolie / entre l'amour et le dédain
Il y vient aussi nos ombres
que la nuit dissipera
le soleil qui les rend sombre
avec elles disparaîtra
les déités des eaux vives / laisent couler leur longs cheveux
passe il faut que tu poursuives / cette belle ombre que tu veux [ Clotilde ]
***
(...)
Ah! tombe neige
Tombe et que n'ai-je
Ma bien-aimée entre mes bras [ La blanche neige ]
***
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne [ Les Colchiques ]
***
J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends [ l'Adieu ]
***